La boulimie est un acte qui dessaisit le sujet de lui-même, exerçant une contrainte inexorable, comme pour s'extraire de l'insupportable vacuité : émergence pulsionnelle venant envahir le moi, démesure de l'activité buccale, fringale inassouvissable où la sensation de manque prévaut sur le dégoût pourtant éprouvé dans l'acuité de la sensation gastrique. S'il est un comportement électivement alimentaire, le trouble boulimique n'est en effet pathognomonique d'aucune structure psychique spécifique et peut tout autant se rattacher aux fonctionnements névrotiques, psychotiques que limites... Pour mettre au travail mes réflexions, je m'appuierai sur ma pratique de clinicien ou j'ai eu l'occasion de rencontrer Jérémie, un adolescent de 14 ans souffrant de conduites alimentaires massives. Partir du sujet - en l'occurrence ma rencontre avec Jérémie - et m'interroger ensuite, en me décentrant de son cas, sur la fonction que remplit le comportement boulimique : telle sera donc ma préoccupation à partir de l'énoncé préalable d'une problématique et d'une hypothèse qui guideront cette présente note de recherche clinique.