<p>Un soir, vers quatre heures, une chaise de poste roulait au grand trot sur une route du Nivernais.</p><p>C&rsquo;&eacute;tait pendant l&rsquo;automne de l&rsquo;ann&eacute;e 184., c&rsquo;est-&agrave;-dire vers la fin du mois d&rsquo;octobre. &Agrave; cette saison, rien n&rsquo;est splendidement beau comme le centre de la France, et surtout cette partie du Nivernais qui touche au d&eacute;partement de l&rsquo;Yonne et fait partie de l&rsquo;arrondissement de Clamecy.</p><p>Les p&acirc;turages passent alors du vert sombre de l&rsquo;&eacute;t&eacute; au vert plus tendre et presque jaune qui annonce les gel&eacute;es prochaines. Les bois commencent &agrave; se d&eacute;pouiller, et ces grands peupliers m&eacute;lancoliques qui bordent le canal et la rivi&egrave;re d&rsquo;Yonne s&rsquo;inclinent au souffle des premi&egrave;res bises.</p><p>Cependant l&rsquo;air est ti&egrave;de encore, et le ciel sans nuages&nbsp;; &agrave; peine, au matin, une brume diaphane couvre-t-elle les pr&eacute;s et les mar&eacute;cages pour s&rsquo;&eacute;vanouir au lever du soleil&nbsp;; tandis que, vers le soir, elle redescend lentement du sommet des collines et s&rsquo;allonge dans les vall&eacute;es transparentes et dor&eacute;es par les derniers rayons du couchant.</p><p>La chaise de poste dont nous parlons, traversait en ce moment un des sites les plus pittoresques et les plus sauvages de ce beau pays, &ndash; une vall&eacute;e au fond de laquelle couraient en m&eacute;andres infinis et c&ocirc;te &agrave; c&ocirc;te&nbsp;: la rivi&egrave;re, &ndash; &oelig;uvre de Dieu, &ndash; le canal, &ndash; &oelig;uvre des hommes.</p>