Ce mémoire de master a pour sujet la manière dont certains modèles théoriques reconstituant l'évolution humaine ont été influencés par le contexte social et économique dans lequel ils ont été produits, ainsi que par les orientations personnelles des paléoanthropologues. Dans la perspective d'une étude sociale des sciences, j'ai tenté de faire ressortir les biais androcentriques (mais aussi gynocentriques) qui émaillent différents scénarios évolutifs, scénarios qui se basent tous sur les mêmes - rares - évidences factuelles (tels que ossements, fossiles et outils). Il y sera ainsi question de la perméabilité entre l'idéologie anglo-saxonne de la deuxième moitié du XIXème siècle et les lois scientifiques formulées pour expliquer l'évolution des espèces vivantes (tel que le darwinisme) ; de la correspondance entre les modèles de pré-hominiens et les rôles masculins et féminins jugés congruents dans notre société ; de la controverse portant sur la période d'ovulation (l'œstrus), chez les primates puis chez les pré-hominiens ; ainsi que, dans la dernière partie, d'une structure narrative commune à tous les scénarios sur l'homini-sation, structure issue à l'origine du conte merveilleux.